Réveil et catastrophes [Serinwë/libre]

La journée du dimanche avait filé bien trop rapidement au goût de la jeune Ombre. Néanmoins, elle avait bien profité du temps relativement beau, oubliant qu'elle avait du travail à faire pour la semaine à venir. Alors elle décida de s'y mettre une fois rentrée. 17 heures avait sonné quand Serinwë s'installa dans la salle commune. D'habitude elle gérait mieux son emploi du temps, préparant ses devoirs à l'avance, mais là elle s'était laissée débordée. Sortant ses affaires, elle se plongea dans ses bouquins. En dépit du léger brouhaha qui emplissait la pièce, elle réussit à se concentrer sur sa lecture et ses exercices.

Pourtant ce calme relatif fut interrompu par l'arrivée soudaine d'un élève, qui déboula dans la salle comme s'il poursuivait quelque chose. Seri leva les yeux de son bouquin et observa cet énergumène. Il semblait tout droit sorti du lit, ce qui lui paraissait étrange vu l'heure, et son allure... Elle haussa les sourcils, ce jeune homme avait une allure des plus pittoresques. Cela aurait pu s'arrêter là, mais c'était sans compter sur la confrontation élève/écureuil. Ce fut comique... au début. Voir cet étudiant essayer de raisonner l'animal pour qu'il rende ce qu'il avait volé fit sourire la jeune femme, mais quand cela dégénéra en course-poursuite à travers toute la salle, sa bonne humeur prit le large.

Elle se retrouva debout à tenter d'échapper au tumulte. Une fois un semblant de calme retrouvé, elle constata qu'une partie de ses affaires avaient subi les affres de la poursuite. Plusieurs personnes regardaient le désastre laissé par le blondinet, mais ce qui agaça le plus Seri fut le sourire satisfait affiché par le fautif...

« Non mais ça va pas la tête?... Mettre une telle pagaille pour un simple écureuil... Et en plus ça vous fait rire?... » dit-elle de mauvaise humeur et le regard noir.

Elle était passablement exaspérée par cette attitude, ce gars ne semblait même pas désolé alors qu'il avait mis sens dessus dessous leur salle commune. Et le pauvre petit écureuil, traumatisé par toute cette agitation, s'était réfugié pas très loin derrière Seri.

« Certains aimeraient profiter de cette salle sans avoir à subir les turbulences d'un gamin... Si vous voulez faire le pitre, allez dehors! » ajouta-t-elle d'une voix froide tout en continuant de le fusiller du regard.

Elle n'y allait pas de main morte, osant élever la voix à l'encontre d'un deuxième année alors qu'elle n'était entrée dans l'institution que depuis quelques jours. C'était presque surprenant venant d'une personne plutôt calme et discrète.

Un dragon serait passé par là que ça n'aurait pas été bien différent... si, en fait, ce qui aurait changé c'est la réaction des Alystryn présents. Tandis que ceux de deuxième année poussaient un long soupir résigné devant le comportement irrattrapable de leur camarade, ceux de première année restaient pour la plupart hébétés et en même temps terrorisés à l'idée de devoir passer une année voir plus en compagnie d'un tel spécimen. Enfin, pour le moment, tout le monde avait mit cette étrange façon d'agir sur ses origines bâtardes. Ça n'avait pas fait un bon mélange disait-on, genre de bruits que l'adolescent adore faire courir, et se fait même un malin plaisir à amplifier.
Toujours est-il que parmi le groupe de nouveaux, une se sentit certainement d'endosser la responsabilité de porte-parole et s'approcha du fauteur de troubles, lui déballant les crimes dont il était accusé, mais tout en respectant une certaine politesse, chose qui n'échappa pas à Alcor. Alors, comme souvent dans ce genre de situation, il renvoya une de ses répliques favorites.

Moi aussi je suis ravi de faire ta connaissance. Un de ces sourire de circonstance collé sur le visage, dans ces moments là, seules deux solutions sont envisageables. Soit il est complètement idiot et ne se rend même pas compte quand on lui adresse des remontrances pourtant explicites - mais il y est tellement habitué qu'il a dû finir par développer des anti-corps - soit il se paie votre tête. Mais voyant que les quelques-uns qui avaient continués à regarder la scène finissaient par se lasser, un éclair de lucidité dû lui traverser l'esprit, car il jugea bon d'essayer de se rattraper, en ajoutant avant que l'élève se trouvant en face de lui n'ai le temps d'en placer une - enfin à sa façon toujours n'exagérons rien.

Ce n'est absolument pas pour cette stupide bestiole qu'il y a un tel carnage, même si c'est de sa faute, mais pour cette bague qui me vient de... heu... de quelque part mais que je ne vais quand même pas laisser entre les sales pattes d'un rongeur. Il a toujours refusé d'avouer qu'en réalité il l'aimait bien cette petite boule de poils, et ce n'est sûrement pas face à quelqu'un qu'il aurait inversé la situation. Et puis je veux bien aller dehors moi, mais même quand c'est le concierge qui me fou à la porte, c'est le garde chasse qui se charge de me ramener !

Le problème quand on le prend pour un gamin ? C'est qu'il en fait tout faire pour que son interlocuteur se rende bien compte qu'il avait raison. Et tant qu'à faire, autant que ce soit un gamin exécrable. Et pour le coup, on pouvait dire qu'il s'en sortait pas mal dans son nouveau rôle - bien que ce qu'il vienne d'annoncer soit parfaitement vrai.

Bon, assez joué. Changement de ton brutal. Et ce retournement de situation, passant d'un pitre fini à un élève déjà plus digne de ce nom, n'était pas uniquement dû au fait que c'était une fille plutôt jolie qui lui avait tenu tête - même s'il faut avouer que si c'avait été un mec les choses se seraient certainement moins bien finies. Non, en fait il venait d'abandonner l'espace de cinq secondes l'Alystryn qui lui faisait la conversation, imaginant la tête que ferait Caprice, leur directrice, si le hasard voulait qu'elle rentre à ce moment même. *Bon ok je suis un habitué des punitions, mais je suis pas mazo non plus, quand je peux les éviter je le fais !* Naturellement il pourrait s'éclipser discrètement en laissant tout le désordre qu'il avait mit, mais les élèves de deuxième année connaissaient son nom, et que ce soit lui le responsable n'étonnerait pas le personnel du château qui lui tomberait dessus.

... va falloir trouver une solution... dit-il bien plus à lui-même qu'à l'intention de Serinwë - ce qui est en fait normal puisqu'elle n'est pour rien dans cette histoire. T'aurais pas un pouvoir de nettoyage par hasard ? Non bien sûr sinon tu ne serais pas ici... Surtout que même si ça avait été le cas, il faudrait être bien naïf pour croire qu'elle allait accepter de réparer ses bêtises. Ouais, c'est clair, j'ai raté ma vocation. J'aurai dû naître écureuil ! Eux au moins ils font autant de conneries qu'ils veulent sans jamais en subir les conséquences... Ah oui, quand il part dans son monde, ça peut paraître étrange si on n'y est pas habitué. Mais l'écureuil revint bien vite à la charge, sortant Al de ses pensées, en venant s'installer juste sur le dessus de sa tête, ce qui eut pour effet d'agacer son propriétaire. Je t'ai déjà dit de pas toucher aux cheveux. Et sur ce, il attrapa le petit animal par la peau du coup afin de le faire descendre. Il doit être affamé, c'est la seule raison qui le fait venir ici, ajouta-t-il à l'intention de l'élève de première année qui lui faisait face. Hum... tu veux bien l'occuper trente seconde, histoire qu'il ne fasse pas trop l'abrutit le temps que j'arrange un peu ça.

Habitué à ce genre de situation, il fit preuve d'un professionnalisme déconcertant. Une véritable fée du logis ! Enfin... s'il s'était donné la peine de passer plus que les trente secondes dites à réparer son "œuvre". Les chaises vaguement relevées, l'étagère remise sur pied et le livres posés en tas sur quelques tables pour faire comme s'ils avaient été empruntés par des élèves qui n'avaient pas prit la peine de les ranger. Pourtant, il s'entendait plutôt bien avec les dames de soies qui s'occupaient justement de la propreté des salles - ses horaires anormales lui permettait de les voir plus souvent que l'élève moyen.

Bien, ça a déjà meilleurs mine. Alors comme ça tu faisais partie de ces élèves qui bossent encore ? Tu sais, à cette heure là, c'est plus franchement utile, vaut mieux profiter de la fin du week end pour... je sais pas moi, visiter par exemple ! C'est la première chose qu'on fait normalement quand on arrive ici ! Au fait, moi c'est Alcor !

Incroyable hein, l'aisance avec laquelle il est capable d'occulter une situation qui semble tourner au vinaigre en une simple discussion que pourraient entretenir des potes ! *Je sais pas, elle a pas l'air si agressive malgré tout ce qu'elle a put dire.* Il est comme ça, n'aimant pas s'attirer d'ennuis de la part des autres élèves - et pourtant ce n'est pas ce qu'il lui manque - et on ne peut pas vraiment dire qu'il soit rancunier. Mais ses manières pour le moins inhabituelles froissent souvent les gens à qui il s'adresse, qui ont parfois l'habitude que l'adolescent en question se moque totalement d'eux.

Il ne manquait pas d'air le petit blondinet. Etait-il sérieux ou se moquait- il d'elle? Sur le coup, la jeune Ombre répliqua.

« Tout le plaisir est pour moi... » le tout accompagné d'un sourire pour le moins hypocrite. S'il voulait se lancer dans le domaine de l'ironie, elle pouvait le suivre sur ce terrain. Un peu plus et elle lui servait une révérence.

S'ensuivit les raisons de cette course-poursuite et elle haussa légèrement les sourcils. Tout cela pour une bague... Cependant elle comprenait que l'on puisse être attaché à un objet, mais elle considérait qu'il n'avait pas utilisé la bonne méthode pour se faire entendre de l'écureuil et récupérer son bien.

« Ah oui... Comme c'est étrange. » remarqua-t-elle ironiquement au sujet du concierge et du garde-champêtre, tout en l'observant de la tête aux pieds. Ce n'était plus hors de l'établissement mais hors de la contrée qu'ils allaient finir par le jeter. En même temps elle ne connaissait pas cet élève et ne pouvait pas comprendre la désinvolture affiché par ses camarades de deuxième année. Le moins qu'on puisse dire, c'était qu'il ne passait pas inaperçu, avec sa tignasse blonde et ses vêtements disparates

Le changement de ton fut inattendu. Une véritable girouette ce gars-là. Mais n'était-ce pas l'une des caractéristiques de la maison Alystryn? Insaisissables et lunatiques?... Elle coupa court à sa réflexion, revenant au moment présent. Un pouvoir de nettoyage? Avait-elle une tête de femme de ménage?

« Et puis quoi encore... » rétorqua-t-elle. Non mais, il n'avait qu'à se débrouiller tout seul pour rattraper son désastre.

La mauvaise humeur de Serinwë s'était apaisée, même si ses commentaires pouvaient laisser présager le contraire. Elle n'allait pas faire tout un foin de cette histoire. Mais parfois ça faisait du bien de piquer une petite colère. Elle ne s'était pas montrer très agressive envers le fauteur de trouble, dans le cas contraire il aurait fallu se poser des questions. La voir entrer dans une fureur noire était plutôt rare. En tout cas, essayer de se représenter son interlocuteur dans la peau d'un écureuil la fit sourire.

« Détrompe-toi, on n'échappe rarement aux conséquences de ses actes... »

Elle avait adopté le tutoiement, vu qu'il avait choisi de privilégier la pseudo-camaraderie. L'écureuil profita de cet instant pour se nicher dans le chevelure du jeune homme. Ce dernier le délogea rapidement et demanda à Seri de s'en occuper tandis qu'il remettait de l'ordre. Elle n'eut pas le temps de protester q'un claquement de doigts se fit entendre. L'écureuil répondit à cet appel. Seri se retourna pour constater la présence de Nino, un élève de première année. Il contenta l'appétit du pauvre animal, mais ne semblait pas apprécié Alcor vu son regard.

« Bonsoir Nino. Apparemment il a l'air de t'apprécier. » dit-elle avec un petit sourire en parlant de l'écureuil.

Seri reporta son attention sur le blondinet qui, en deux temps trois mouvements, remis un semblant d'ordre. Le résultat laissait à désirer, mais bon elle ne fit aucune remarque.

« Serinwë... Et oui je fais partie des bosseurs... Certes, il se fait tard mais il n'y a pas d'heures pour terminer ses devoirs...Un fin sourire en coin étira ses lèvres. L'exploration de l'école... j'ai commencé en partie le premier jour, en même temps j'ai toute l'année pour le faire. Mais je parie qu'en tant qu'ancien élève tu dois connaître tous les recoins de cet établissement, non? »

Elle profitait également de certaines nuits pour faire un tour dans l'école, découvrant le bâtiment sous un autre angle. En tout cas, Alcor ne se considérait pas comme du « clan » des bosseurs, elle se rappelait qu'il était arrivé plusieurs fois en retard aux cours et qu'il ne prêtait pas de véritable attention aux discours des profs. Seri souhaitait réussir son année alors elle préférait mettre toutes les chances de son côté.

« Y-a-t-il des lieux à visiter absolument? »poursuivit-elle, curieuse.

Je viens de dire qu'Alcor n'aime pas s'attirer d'ennuis ? C'est la vérité effectivement, mais j'ai peut-être oubli un petit détail. Les ennuis doivent l'adorer car ils se manifestent toujours à lui, même quand il ne demande rien. En voilà une fois de plus la preuve. Alors qu'il s'était enfin laissé gagner par la sagesse qui lui avait conseillé de ne pas laisser la salle en état, voilà que l'élève qu'il avait certainement le moins envie de voir apparut. Mais s'il s'était simplement contenté d'apparaître ça aurait put aller, ils se seraient jaugés de loin comme c'est le cas lorsque leurs chemins se croisent, mais cette fois, il faut croire que l'adolescent dont il était question ne se satisfaisait plus de leurs regards à distance... l'écureuil, en bon petit animal pas farouche le moins du monde qu'il était se rua vers Nino dès que celui-ci l'appela. Faignant tout d'abord de ne pas s'en soucier, il eut en revanche bien plus de mal à réprimer un grincement de mâchoire lorsqu'il s'aperçut que Serinwë se trouvait à ses côtés. *Dommage, j'aimais bien sa façon de répondre...*
Cependant, le sang qui coulait dans ses veines, lui conférant une certaine fierté - dont il était difficile de se douter qu'elle exista au vu des pitreries qu'il est capable d'effectuer - l'empêcha de simplement partir en ignorant les faits. C'est donc d'une façon tout à fait naturelle qu'il se joignit au "groupe", et continua la conversation précédemment engagée.

Ce garçon le troublait bien plus que la majorité des autres élèves. Il était très clair qu'il ne l'appréciait guère, mais rien dans sa façon de se comporter ne correspondait à celle des élèves qui le haïssait, uniquement parce qu'ils ne comprenaient ce qu'un bouffon pareil venait faire dans une école comme celle-ci. En général ils lui criaient dessus, l'insultant de tous les noms, et en finissant parfois même avec les poings - voir les pouvoirs mais c'était beaucoup plus rare. Mais pas Nino. Il se contentait de l'observer de loin, tout en mettant tout en œuvre pour qu'Alcor ne puisse ignorer l'aversion qu'il lui inspirait. Mais jamais il ne lui disais en face, ni, de par ses actes, ne lui donnait une raison valable de le haïr à son tour. Enfin, sachant que ce genre de personne l'agaçaient au plus haut point, c'était déjà une raison bien suffisante.

Et après avoir, l'espace de deux secondes, réfléchit aux intentions qui avaient pousser son "adversaire" à agir de la sorte, quelles idées pouvaient-il bien avoir en tête, le blondinet retourna toute son attention sur la fille du trio - même si en comptant les animaux ils étaient cinq - en profitant pour ignorer magnifiquement Nino. Pour l'instant, cela lui semblait la meilleure attitude à adopter, surtout que Serinwë venait de lancer sur un sujet qui le passionnait ; la géographie du château. Quant aux heures établies pour faire un devoir... l'ados n'allait certainement pas se prononcer sur le sujet, faisant lui-même ce que leur donnait les professeurs aux heures où il était certain de ne se faire surprendre par aucun élève - à savoir la nuit - avant de tout jeter dans le feu de la cheminée.

En tant qu'ancien élève ? Nan, je n'ai eut qu'une année pour explorer cet endroit, et je t'assure qu'il en faudra bien plus pour en découvrir tous ses recoins comme tu dis ! A ces paroles, une petite lueur s'était allumée et dansait dans ses yeux aux reflets métallisés, laissant bien présager, à l'inverse de ses cheveux, qu'il n'y avait pas que du sang humain qui était en lui - pour dire vrai il n'en représente même qu'une infime partie. Certes sa curiosité maladive l'avait amené à explorer de nombreuses fois son nouveau lieu de vie, mais il était encore loin de tout en connaître il le savait. Tout de même heureux de pouvoir partager ses expériences, il poursuivit. Des lieux à visiter absolument ? Bien sûr qu'il y en a ! La forêt par exemple, elle regorge de créatures toutes plus hallucinantes les unes que les autres, il faut vraiment les voir pour y croire ! Oui, d'ailleurs, certaines se sont montrées très réelles, chose qu'Al n'allait pas exposer surtout sous l'oreille attentive il n'en doutait pas de Nino. Sinon, il y a bien certaines pièces qui sont vraiment magnifiques et qui valent vraiment le coup. C'est le cas du bureau de certains profs qui doivent avoir un goût de la déco très poussé. Par contre, celui du concierge est à éviter... c'est pas beau à voir. Pourtant, celui-là il aurait put le dessiner sans omettre aucun détail tellement il l'avait vu. Et bien sûr il y a l'observatoire en fin de journée qui est splendide ! Mais ça, je supposes que tu as déjà put le tester.

Non, décidément, la présence de l'enfant de lune le mettait mal à l'aise. En fait, ce n'était pas exact, ce qu'il ressentait n'avait rien à voir à ce qu'on ressent normalement sous le regard qu'on sait pesant, et qui n'attend qu'un faux pas de votre part pour garder cet instant en mémoire, d'une personne dont on ne sait rien. Cette sensation était indescriptible. En règle général il aime attirer l'attention, que les yeux soient braqués sur lui ne l'a jamais effrayé, et qu'on se moque de ses actes ne lui a jamais fait ni chaud ni froid. Non, en général il apprécie même entendre parler de lui, que ce soit pour exposer à quel point il peut être ridicule et de la honte qu'il devrait ressentir, que pour exposer les faits héroïques qu'il a put effectuer. *Bon ok c'est jamais arrivé mais je me prépare pour le cas où ce moment arriverai !* Là, il avait plus l'impression d'être une bête rare - à ne pas confondre avec betterave... - qui ferait l'objet d'une étude très approfondie, en plus de faire l'objet d'un certain dégout. Enfin, il refusait de se laisser abattre aussi facilement, et continua sur sa lancée, comme si tout était parfaitement normal.

Mais je ne doute pas qu'une Ombre ait déjà eut le temps de profiter des fins de journées pour se faire une petite idée de l'allure de cet endroit. Étant en grande partie de cette race, il était capable d'en reconnaitre un de ses représentants au premier coup d'œil. A moins bien sûr que tu ne sois comme ces abrutis qui ne connaissent du château que la bibliothèque...

Cette dernière phrase avait presque été prononcée sur le ton du défi, un léger sourire en coin qui lui était si caractéristique. Eh bien oui, venant d'un Alystryn ça aurait parut étrange, ces élèves là ne passent pas leurs journées dans un même endroit, et la bibliothèque ne déroge généralement pas à la règle.
Il n'osait aller plus loin sachant, l'ados aux cheveux transparent à ses côtés. Al n'avait toujours pas réussit à savoir ce qu'il cherchait, ce qui avait le don de l'agacer. Malgré les apparences, il est rare qu'il ne trouve de réponse à ses interrogations, cette situation ne lui convenant pas du tout. Il le laissa donc continuer son petit manège, attendant presque la suite des événements, prêt à saisir chaque indice qui pourrait lui être utile.

Quant à l'écureuil, lui n'avait pas bougé, et ayant visiblement trouvé quelqu'un qui au moins avait quelque chose pour combler le vide de son estomac, il se contentait de lorgner son propriétaire, comme s'il lui reprochait son comportement. Mais une fois de plus, Al n'en tient nullement compte - ça par contre il y était habitué - même s'il est vrai qu'il n'aimerai absolument pas que le rongeur finisse par préférer la compagnie de son rival. Enfin, ce point là, il était hors de question qu'il l'admette.

Serinwë percevait le malaise entre les deux garçons, sans pour autant en comprendre la source. En tout cas, elle écouta les réponses fournies par son collègue de deuxième année. Ainsi, il y avait assez de pièces pour qu'une année ne suffise pas à explorer l'ensemble de l'établissement et son domaine. Voilà qui était étonnant, elle ne s'était pas rendu compte que le bâtiment était aussi grand.
La jeune femme remarqua l'éclat particulier qui s'était allumé dans les yeux d'Alcor, ce sujet semblait l'inspirer.

Il poursuivit en présentant les lieux à ne pas manquer, mais Seri constata que le premier cité était interdit aux élèves et que les suivants étaient les bureaux des professeurs. Certes, il devait y avoir de choses intéressantes à voir, mais il fallait un motif pour voir les professeurs, ou encore des questions. Elle éviterait de s'y rendre suite à une punition. Il parla de l'observatoire, elle s'y rendait pour ses cours de dracologie et elle avait pu admirer la magnifique vue qu'offrait cette tour sur les environs. Elle ne s'en lassait pas.

Puis, il fit référence à ses origines Ombre et à ses probables ballades nocturnes. Elle lui retourna son sourire de défi. Il était dans le vrai.

« Et quand bien même je serais de ceux qui ne connaissent que la bibliothèque, elle se révèle très intéressante.... » dit-elle avec sérieux.

Cette pièce renfermait des livres tous plus captivant les uns que les autres, ce qui représentait un savoir colossal. Elle laissa planer un silence, comme si elle n'avait plus rien à dire avant d'enchaîner.

« Tu devrais peut-être y faire un tour... ajouta-t-elle avec un sourire malicieux pour le titiller. Sinon, il est vrai que j'ai déjà profité de mes soirées pour visiter l'école, mais je ne suis pas allée dans la forêt, car c'est interdit, ni dans les bureaux des professeurs et encore moins dans celui du concierge. Il me semblait qu'on allait chez le concierge que pour les punitions.... Serais-tu un adepte des punitions? Peut-être est-ce dû à quelques infractions du règlement, comme se promener dans la forêt par exemple... »

Elle avait posé la question de manière rhétorique, car elle se doutait, vu le spectacle auquel elle avait assisté quelques instant plus tôt, que monsieur tenait plus du pitre que de l'élève sérieux. Donc les sanctions devaient être son lot quotidien.

« Mais si tu passe ton temps à faire le zouave ou à dormir en cours comment comptes-tu devenir dragonnier? »

Elle posa un regard curieux sur le jeune blond, car elle voulait savoir quand il trouvait du temps pour étudier, entre punitions, exploration et singeries. Quant à son affirmation sur son désintérêt des cours, c'était parce qu'elle l'avait vu en flagrant délit en cours d'invocation.

« Dis-moi Alcor... Tu ne serais pas un métis Ombre? »

Elle avait remarqué certains traits inhérent au peuple Ombre, sauf que la blondeur de ses cheveux ne correspondait pas du tout aux Ombres. Elle se retient avant d'ensevelir son interlocuteur sous un déluge de question concernant sa vie privée. Peut-être les poserait-elle plus tard, s'ils venaient à devenir amis.

En tout cas, l'écureuil d'Alcor semblait apprécier grandement Nino puisqu'il ne se décidait pas à le quitter. Alcor semblait ne pas s'en préoccuper plus que cela. Seri observa la petite bête dont le comportement exprimait ses reproches à l'égard de son propriétaire légitime, ce qui fit sourire la jeune femme.

La bibliothèque, un lieu intéressant ? Pour dire vrai, Alcor serait très certainement d'accord, mais il ne pouvait s'y rendre trop souvent sous peine de perdre toute crédibilité. Enfin... sa crédibilité en tant que glandeur professionnel. Mais petit à petit, les questions de Serinwë devenait de plus en plus pertinentes, et donc de plus en plus embêtantes pour l'ados. Après les quelques piques sur ses capacités en matière de punitions auxquelles il répondit avec un large sourire, qui laissait bien deviner qu'elle était encore loin de savoir jusqu'où il pouvait aller, la conversation dévia plutôt sur ses capacités à étudier cette fois. Oh, bien sûr, des réponses toutes prêtes il en avait quelques unes, du style que chacun avait sa méthode de travail, et que lui préfère la pratique à la théorie. Qu'il préfère trouver des utilités aux sorts qu'on leur enseigne, les mettant en place de façon à s'amuser, et que de cette façon il apprend bien mieux. Et pour ses origines, il avouait sans problèmes ses origines Ombre, mais tout le monde déduisait qu'il avait bien plus hérité de son côté humain - quand on ne connait que l'hurluberlu c'est normal. En revanche, il passait très souvent sous silence son sang vampirique. Mais en fait, sans savoir vraiment pourquoi, il n'était pas d'humeur à mentir. Peut-être était-ce son interlocutrice qui provoquait ce sentiment ?

Mais malheureusement - ou heureusement allez savoir - l'intervention de Nino eut pou effet de recentrer l'attention d'Al sur son "rival". Bien sûr, il n'y avait pas besoin d'être un génie pour savoir qui était le destinataire de sa remarque. Et contrairement aux piques que son acolyte Ombre lui avait précédemment envoyé, l'étudiant ne décela aucune gentillesse. Non, au contraire. En même temps, vu les relations que pouvaient entretenir ces deux là, il faudrait aller chercher bien loin pour imaginer déceler un brin d'amitié dans leurs échanges.
Toujours fidèle au Al extérieur, celui qui est plus qu'exaspérant quand il s'y met, le blondinet répondit à la provocation de cette voix enjouée, insupportable.

Mais tu sais, la bibliothèque a plusieurs utilités ! Il y a bien sûr celle que tu as l'air de bien connaître, à savoir travailler, approfondir tout ce que ton cerveau n'aurait pas eut le temps de comprendre pendant le cours. Personnellement je préfère la deuxième option. En dehors des heures de repas, cet endroit doit être celui où on trouve le plus de filles, ce qui en fait l'endroit idéal pour draguer ! Mais, peut-être qu'un mec comme toi ne le savait pas...

Le pire dans ce discours ? C'est qu'il est véridique. C'est en effet le cas, les lieux comme la bibliothèque font partie de ceux où il est le plus facile de faire des rencontres... plutôt intimes. Et comme on dit, femme qui rit, à moitié dans son lit... et quand on sait le nombre de conneries/minute que peut sortir Al, il n'y a pas de doute que ce proverbe il a déjà dût l'entendre. *Bon bien sûr, faut pas non plus aller vers celles qui n'ont l'air préoccupées que par leur livre et le devoir qu'elles doivent rendre*

Bref... jusque là, on pouvait dire que tout se passait bien, ou plutôt normalement. Mais lorsque l'enfant de lune fit son petit manège, se servant du rongeur mal éduqué qui servait de compagnon au blondinet environ dix heures par semaine, la situation changea pour ce dernier. Il sentait bien que déjà, même avant de se lever il lui fallait se forcer un peu pour être "lui-même", mais là, il avait vraiment du mal à contenir les pulsions que lui infligeaient son côté plutôt ombre/vampire qu'il était réellement, qu'humain.
Et pour preuve, ses yeux métallisés d'habitude pétillants de malice reflétaient à présent tout le sérieux et la détermination qui l'habitait. Sentant qu'il perdait le contrôle il dût se reprendre tant bien que mal, à l'aide d'une longue inspiration, qu'il voulut aussi discrète que possible. Il ne voulait pas se trahir devant tant de témoins, sans compter que Serinwë se trouvait juste entre les deux garçons, donc face à lui. Reprenant la voix pleine de joie qu'il utilisait bien souvent, il déclara, bien qu'après les événements de ces dernières secondes elle sonna un peu faux.

Bon, c'est pas tout, mais c'est qu'au réveil j'ai une faim de loup moi ! Et courir après un écureuil mal éduqué, ce n'est pas ça qui va me remplir le ventre ! Mais t'inquiètes, la prochaine fois, je te prouverai que la forêt n'est pas si interdite que ça. Après tout, tant qu'on ne se fait pas prendre, elle est autorisée non ? Et si tu acceptes, peut-être que je t'en dirais plus sur ma façon d'apprendre ! Cette partie du discours s'adressait bien évidemment à la fille du trio, et pour le coup, il avait reprit le même ton de défi qu'elle avait précédemment utilisé avec lui. Et lorsqu'il passa à hauteur du garçon, sa voix devint bien plus sérieuse. Tu sais Elenwë, je ne suis peut-être pas un féru de travail au sens où tu l'entends, mais moi je suis en deuxième année, et cela signifie au moins que j'en ai le niveau. Dans ton cas, rien ne le prouve. Et je ne sais toujours pas ce que je t'ai fait, mais un jour, il faudra quand même que tu m'expliques ce qui me vaut ton dédain !

Une fois ses adieux au public effectués, il se dirigea sans plus de cérémonie vers la sortie, et cette fois, il n'y aurait pas de rappel. Pour cause, il prétendait avoir faim, mais ce n'était bien sûr qu'un prétexte, il avait bien plus besoin de se retrouver un peu seul, se poser, que de se nourrir - surtout qu'il n'est du genre estomac sur patte. Déjà en se réveillant il avait été d'humeur nostalgique, mais avec l'intervention de l'enfant de lune, son moral en avait prit un coup. *Je sais pas ce qu'il a ce mec, mais si j'arrive pas à me maîtriser plus que ça quand il est là, alors ça craint....*

Et Ring dans toute cette histoire ? Bon, eh bien pour les fans de l'écureuil, sachez que cette petite bestiole se retrouvait un peu perdue. D'un coté il y avait son "maître" qu'il aurait suivit en temps normal - les animaux retiennent souvent bien le chemin des cuisines, et là c'était bien la direction qu'avait pris Al - mais il y avait de l'autre côté le garçon aux cheveux pâles qui avait l'air de bien plus s'y connaître en matière d'animaux, et qui en plus le nourrissait sans se plaindre ! *Cet abrutit va finir par se retrouver avec un écureuil intéressé dans les pattes !*