Lundi, 7H40
Heldan Illalëe n'avait pas vraiment le trac, pour son premier cours de l'année pour des élèves qu'elle verrait tout au long de l'année, et non pas à l'occasion de passages aléatoires dans des villes ou des villages. Non, là, c'était enseigner de façon sédentaire. Rester au même endroit tout au long de l'année, et voir toujours les mêmes élèves, pour mieux cerner leurs difficultés et les aider à mieux se préparer pour ce qui risquait de leur arriver.
D'ailleurs, en parlant de difficulté, la jeune femme à la peau sombre se rendit vite compte qu'elle ne savait pas vraiment par quel bout commencer; autant pour les premières années ce n'était pas trop difficile, autant pour les secondes... Ils étaient sensé avoir un certain niveau, déjà, et donc devraient savoir se battre correctement, ou en tout cas manier une arme sans pour autant blesser son co-équipier qui se bat derrière, massue à la main...
Toute à ses réflexions qui la fatiguaient plus qu'elles ne l'aidaient, elle se rendit rapidement à la volière et alla retrouver Maghzen, avec lequel elle passa bien dix minutes. Pour le coup, elle faillit partir en retard à la salle de classe, et tout en courant se morigéna de son inattention. Ce n'était pas le moment de se faire désirer, surtout pas le premier jour de la rentrée; généralement les élèves, et même les professeurs, se faisaient une idée de leur interlocuteur à l'effet fait par ce dernier dès la première présentation. Elle-même n'échappait pas à cette manière de faire. Elle devait donc faire attention, pour ne pas paraître "tête en l'air" ou tout autre qualificatif qu'elle n'aurait pas aimé.
Illalëe arriva devant la salle cinq minutes avant le début du cours, à peine essoufflée par sa course, mais exaspérée par son propre retard.
"_Veuillez m'excuser", dit-elle en écartant quelques élèves pour ouvrir la porte de la salle. Puis elle s'effaça pour les laisser entrer, et découvrir l'absence de tout mobilier, excepté d'un bureau, et d'un tableau.
Lorsqu'elle fut certaine qu'à peu près tous les élèves furent entrés, elle pénétra à son tour dans la salle et ferma, ou plutôt claqua, la porte, faisant sursauter quelques élèves qui n'avaient pas prévu cela.
"_Le genre de choses qui surprend toujours quelqu'un, murmura-t-elle. Bonjour à tous et à toutes, je me présente: Heldan Illalëe, votre professeur de combat, comme vous avez pu le comprendre en découvrant sur vos emplois du temps que c'était un cours de combat.
"Si vous êtes en deuxième année, c'est donc que vous avez un certain niveau, une certaine maîtrise de vous-même, même si elle n'est pas parfaite, j'attends quand même quelque chose d'un peu plus consistant que la plupart des élèves de première année_ à quelques exceptions près, cela s'entend. Des questions?"
Elle attendit un petit peu, puis repris:
"_Il faut savoir quelque chose: le combat n'est pas quelque chose de basé uniquement sur la force brute. C'est tout un état d'esprit, qui lui est associé. Oh, bien sûr, il est possible de vaincre un adversaire peu puissant, en utilisant uniquement la force à l'état brut. Mais cela ne mènera nulle part, face à l'adversaire qui saura en quoi consiste exactement le combat.
"Des questions?"
De nouveau elle attendit un peu, histoire que les élèves digérassent et posassent leurs questions.
"_Bon. Je parle beaucoup, je le reconnais. Mais c'est parfois nécessaire. Bien. J'aimerais que maintenant vous vous mettiez par deux. Ne protestez pas. J'ai besoin de savoir deux ou trois petites choses..."
Pour la troisième fois elle marqua une pose, leur laissant le loisir de choisir leur partenaire. Quand ce fut enfin fait, elle reprit:
"_Et maintenant, laissez-moi deux secondes."
Illalëe disparut quelques secondes dans l'arrière salle et revint avec deux grandes cages à la main.
A l'intérieur se trouvaient d'étranges créatures, une sorte de croisement entre un gros chat, une chauve-souris et un reptile quelconque.
"_A deux, vous devrez vaincre un de ces choaguls. Vous avez droit à vos armes, mais toute magie est pour le moment prohibée. Est-ce que tout le monde a bien compris?"
Puis elle lâcha les fameux choaguls, et observa la coordination entre les élèves d'une part, et quel était leur niveau de sang-froid et de technique d'autre part.