Il y a pire que le Désert... [Oscar]

le 8 septembre, à 9H09PM

Perdue...
Il n'y avait pas à dire, Illalëe était très forte pour ce genre de choses. Se perdre alors qu'elle avait regardé le plan seulement vingt minutes plus tôt, elle seule en était capable.
Et pourtant, on la laissait seule dans un désert, sans la moindre carte, et elle pouvait se retrouver aisément. Il fallait dire aussi que dans le désert, à moi de se trouver en pleine tempête de sable_ ce qui était relativement courant_ ou de se trouver sous la pluie_ déjà plus rare..._ il y avait toujours le soleil où les étoiles pour se guider.
Mais pas dans un château. Avec ses murs et ses toits, qui coupaient toute possibilité de s'orienter grâce au ciel. Enfin... en même temps, les étoiles n'aident pas vraiment lorsqu'il s'agit d'un bâtiment, aussi grand soit-il!

Illalëe était certaine d'être déjà passée par là. Elle reconnaissait les objets pendus à la porte, ce devait donc être la salle de Magie Vaudou. Elle hésita à entrer dans la aller pour vérifier, puis finalement entreprit de prendre à gauche au lieu d'aller à droite. Erreur fatale, qui la fit se retrouver devant des dizaines de portes qu'elle ne reconnaissait absolument pas.
Elle s'assit sur le sol, dos contre le mur, et entreprit de réfléchir. Elle avait l'impression d'avoir marcher des heures durant, et tout cela pour retrouver sa chambre. Elle en était désespérée. Son sens de l'orientation était vraiment absent dès lors qu'elle se trouvait entre quatre murs ou en forêt. Il valait mieux pour elle qu'elle fût toujours accompagnée, au moins au début...
Illalëe finit par se relever, honteuse d'avoir pu ne serait-ce qu'une seule seconde envisager d'abandonner.

Le temps passait et Illalëe était toujours aussi perdue. Elle n'arrivait pas à mettre la main sur ne serait-ce qu'un plan qui aurait pu lui indiquer sa position. Mais autant chercher une aiguille dans une botte de foin ou, comme elle disait chez elle: un gramme d'or dans le troupeau de chèvres. Autant dire qu'elle pouvait chercher encore longtemps.
Soudain Illalëe se figea. Elle avait entendu du bruit, pas loin d'elle. Du bruit qui venait du fond du couloir qu'elle voyait à sa gauche.
La jeune Nomade se tint sur ses gardes, même s'il n'y avait pas vraiment de raison pour agir ainsi. Mais c'était de vieux réflexes, et de toute façon, elle refusait de les perdre; ne pas être en alerte constante lui coûterait la vie plus tôt que prévu. Et cela, il en était hors de question.
Elle attendit deux minutes que l'intrus, ou plutôt le visiteur, plus que l'intrus, se rapprochât, pour mieux le distinguer, et même le reconnaître. Quoiqu'avec une telle tignasse, difficile de ne pas le reconnaître, même pour tous ceux qui n'étaient absolument pas physionomistes.
C'était le professeur, plus qu'exhubérant, qui avait tant fait parlé de lui à la cérémonie d'ouverture. Celui qui, visiblement, aimait se donner en spectacle. Par contre, impossible de se remémorer son prénom. Ce n'était pas ben important, tout ce qu'elle voulait, c'était son chemin. Quitte à se ridiculiser un court moment.

Hum... Excusez-moi. J'ai... comme qui dirait un léger problème... Je suis quelque peu... perdue. alors si vous pouviez m'aider...

Elle considéra un instant le professeur roux. Il portait des vêtements ultra colorés, le genre de ceux qu'auraient pu porter les habitants de son camp si elle s'était mariée.
Elle chassa brutalement ce souvenir de son esprit puis attendit patiemment qu'il lui répondît. Enfin... Aussi patiemment que quelqu'un d'aussi impatient qu'elle pouvait le faire!

[Garg, j'ai honte, désolé du délai >_< J'ai été enseveli sous un tas de choses à faire! Un tel délai ne se reproduira plus, c'est promis ;_;]

Le matin du 8 septembre, Oscar Sören fit face à un terrible problème, qui menaçait peut-être l'intégrité du château tout entier.

Le professeur d'invocation n'avait rien à faire. Ce matin-là, il aurait dû rencontrer un marchand pour lui acheter une grande quantité d'encre rare, de pierres précieuses, d'herbes mystiques, et tout un tas d'autres choses qui auraient été très utiles pour le cours d'invocation. Mais ledit marchand avait attrapé une maladie qui passait, et avait dû rester alité. Et maintenant, Oscar n'avait rien à faire, et il s'ennuyait. Or, mélangez un Oscar et de l'ennui, et c'est la catastrophe assurée.

Pour l'instant, le professeur n'avait pas encore fait exploser quoique ce soit, ce qui relevait du miracle. Et, faute d'avoir mieux à faire, il s'amusait à martyriser les pauvres élèves qui flanaient dans les couloirs, tout en restant bien caché. Quelques-uns durent s'enfuir à la course d'un élémentaire de feu jailli de nulle part, et d'autres encore furent détrempés par une boule d'eau jaillie, semblerait-il, du plafond. C'était sans compter les bourrasques de vent qui dépeignaient les filles qui avaient mis une heure à se coiffer, et les mottes de terre qui s'élevaient soudain sous les pieds d'un malheureux, le faisant trébucher. Oui, tout cela était causé par la même personne, le même professeur irresponsable et hyperactif.

Oscar Sören, lui, s'amusait comme un petit fou. Mais bon, bien évidemment, un fondateur jaillit de nulle part pour le gronder, et repartit s'assurer que tout le château était bien calme et ennuyeux. Pfff, quel rabat-joie... Toujours est-il qu'Oscar s'apprêtait à aller faire quelque chose dans son local de classe, sans trop savoir quoi. L'inspiration le frappa : une école, c'est un endroit pour apprendre... Donc, il tracerait un pentacle assez unique, et invoquerait quelque chose de nouveau, d'inconnu! Mais alors qu'il s'en allait jouer un dernier mauvais tour avant de se livrer à son expérience qui se solderait sans nul doute par un terrible cataclysme, son attention fut attirée par tout autre chose. À croire que le destin avait eu pitié de Maelthra Magthere...

Vous voyez, Oscar Sören adorait les histoires, quand il était petit, tout spécialement les contes de fées. Mais contrairement à la majorité des autres adultes, il n'avait pas abandonné ses fantaisies de sauver des demoiselles en détresse quand il avait atteint l'âge adulte. Heureusement, il ne rêvait plus de pourfendre des dragons... Mais que vit-il alors qu'il traversait le couloir? Une jeune dame en besoin d'aide! C'était amplement suffisant pour lui faire oublier tous ses plans pour l'avant-midi...

"Ah, mais c'est que le Voyageur -béni soit-il- te sourit!" s'exclama-t-il en réponse à la timide demande de sa collègue professeure à la peau foncée. "Bien sûr que je peux t'aider à t'orienter! C'est... par là!"

Oscar fit volte-face et se mit aussitôt en route, trop enthousiaste pour se rendre compte qu'il ne savait pas où sa collègue voulait aller. Contrairement à son habitude, il se força à ne pas marcher trop vite, sans quoi il aurait bien vite semé la pauvre professeure... Et, sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, il fit appel à son charme naturel pour engager la conversation :

"Moi c'est Oscar, ravi de faire la connaissance d'un si belle femme!", fit-il joyeusement, employant la même formulation qu'à chaque fois qu'il rencontrait un membre de l'autre sexe (mis à part celles qui lui faisaient peur, ou celles qui était vraiment horriblement et irrémédiablement laides).

Je ne sais pas si je t'excuse... ^_-

Illalëe fut surprise par les paroles du professeur. Elle n'avait jamais connu ce genre de personnes et avait plutôt tendance à fréquenter des personnes très sérieuses, peut-être même un petit peu trop. Alors elle ne s'attendait pas vraiment à quel'un d'aussi joyeux, quand bien même il n'avait pas été contre cette idée-là au cours du banquet.

Vous êtes en train de me draguer, là... non?

Elle ne savait pas vraiment si c'était le cas, mais d'après les livres qu'elle avait pu dévorer, les hommes draguaient de la sorte, dans ce pays. Illalëe ne trouvait pas cela vraiment lourd, mais plutôt amusant. Enfin... jusqu'à ce qu'elle se rendît compte qu'il lui avait donné une direction, mais sans même savoir où elle voulait se rendre! Ce qu'elle ne put s'empêcher de faire remarquer à l'étrange professeur roux.

Mmh... Non pas que je n'ai pas confiance en vous mais... est-ce que vous êtes devin?

Après tout, c'était bien possible! Dans sa tribu elle connaissait quelques devins, c'était même chose courante pour les peuples du désert. Alors que lui sût certaines choses sans même avoir à les connaître à la base n'avait en soi rien de bien étrange. Enfin... elle mit quand même un doute quand à sa supposée capacité de voyance. Elle ne savait pourquoi, mais elle le soupçonnait de lui avoir proposé son aide juste parce qu'il s'agissait d'une femme... Bien, voilà qui la rassurait complètement...

Quoique.. vous contenter de me dire où se trouve les chambres des professeurs serait parfait. Ou alors, où nous pouvons bien être, parce que j'ai l'impression d'avoir déjà vu cette porte, il y a un instant, dans le couloir de droite...

Cette pensée la fit frémir, et elle se mit à soupçonner la présence d'esprits malins; depuis qu'elle était toute petite les Nomades lui avait imprimée diverses croyances, notamment celles des esprits qui, offensées, jouaient de mauvais tours aux pauvres mortels qui peuplaient la surface du monde. De toute façon, elle ne savait pas comment expliquer ce phénomène autrement; comment la porte de cette salle, porte si particulière de par ses motifs étranges et complexes qu'Illalëe avait déjà entr'aperçu dans un vieux manuscrit, pouvait-elle se trouver à la fois dans le couloir de droite, et ici-même?
La Nomade décida d'aller voir pour ôter le doute de son esprit, et revint sur ses pas.

Bon... soit c'est moi, soit c'est l'esprit de mon grand-père qui souhaite me punir de ne pas avoir obéit à son crétin de fils!

Illalëe soupira, puis reposa sa question. Cette maudite porte la chagrinait profondément; déjà qu'elle avait un très mauvais sens de l'orientation dans les bâtiments, il ne fallait pas qu'en plus les salles se mettaient à se déplacer!

[Si la tendance se maintient, la prochaine fois, je te réponds 4 jours après que t'aies posté <<" Je commence à peine à être un peu moins occupé XD Semaine prochaine, par contre, j'ai plein de temps libre =p]

Oscar Sören avait toujours été quelqu'un de profondément charismatique. Il émanait de sa personne une sorte de magnétisme qui repoussait certaines personnes et attirait les autres, en ne laissant que très peu d'indifférents derrière. La plupart de ceux qui ne dédaignaient pas trop les enfantillages du rouquin surexcité avaient rapidement succombé à son charme naturel. Sans aucun effort apparent, Oscar Sören pouvait répondre du tac-au-tac à une injure, sortir des compliments à faire rougir n'importe qui, ou se dépêtrer d'une fâcheuse posture avec quelques mots bien placés. Quelques-uns croyaient que le professeur d'invocation était un maître de la manipulation, tandis que d'autres le disaient fou à lier, mais doté d'un charme tout naturel chez les habitants de Féérie. La plupart, cependant, se disaient que mieux valait ne pas tenter de comprendre un individu aussi excentrique.

Quoiqu'il en soit, c'est sans hésitation, et surtout avec énormément de conviction qu'Oscar Sören répliqua à l'accusation de sa collègue :

"Moi ça? Mais non, voyons... Je ne fais que reconnaître la beauté là où elle est présente!"

Oscar avait l'air satisfait de sa réponse, mais encore, peut-être n'était-ce qu'une illusion. Il avait presque toujours un grand sourire au visage, et ses yeux pétillaient bien souvent de cet éclat malicieux, alors qui sait..? Toujours est-il que la professeure exprima -avec raison- son doute au sujet des talents de guide d'Oscar, et ce dernier répondit tout bêtement à la question, et non pas à ce qu'elle sous-entendait :

"Ah non, croire aux devins et à leurs prémonitions, c'est croire au destin... Ce que je refuse de faire!"

Ce qui est terrible, avec le destin, c'est qu'on ne peut pas prouver qu'il n'existe pas. Le professeur d'invocation en était donc réduit à simplement nier son existence, à tort ou à raison. Chassant ces idées de sa tête, il écouta patiemment sa collègue lui demander à mots couverts de la laisser tranquille, et ne comprit pas du tout le message caché... Ou peut-être l'ignora-t-il tout simplement.

"Mais voyons, le château n'est tout de même pas vivant... Ce ne sont que deux portes qui se ressemblent beaucoup, ma pauvre Heldan!"

Oscar ne s'attarda pas sur le fait qu'il connaissait le nom de sa collègue. Il suffit de dire qu'en invocation, les noms ont un pouvoir tout particulier... Quant à la porte unique qui existait à deux endroits à la fois, il adopta sa propre explication : c'étaient deux portes différentes, voilà tout.

Mais encore une fois, qui sait? Peut-être était-il à l'origine de ce phénomène... C'était tout à fait dans ses capacités de créer des portails, histoire de s'embarrer avec une de ses collègues et ainsi s'assurer d'être en bonne compagnie. Ou alors il avait raison, c'étaient deux portes différentes. Ou bien, il y avait des esprits à l'oeuvre, comme le craignait Heldan. Les possibilités étaient quasiment infinies... Peut-être même les deux portes étaient-elles identiques pour signifier qu'elles menaient à la même salle?

"Pas question que je te laisse seule avec des directives si tu confonds les portes entre elles... Clairement, le destin nous a réunis pour une raison, alors allons ensemble vers les chambres du personnel!"

Oscar réfléchit un instant, après avoir parlé. Il lui semblait s'être contredit, quelque part... Bah, ce n'était sûrement qu'un mauvais tour de son imagination!

Illalëe observa le jeune homme roux et croisa les bras. Se moquait-il d'elle ou bien..?
D'abord il avait dit qu'il savait reconnaître la beauté là où elle se trouvait. Et puis ensuite, il lui avait parlé de destin... Puis ensuite il lui dit que le château n'était pas vivant.

_Il n'est peut-être pas vivant, mais je ne suis pas folle non plus. J'ai bien vue cette porte à différents endroits... Mais peut-être qu'après tout, je ne me sens pas très très bien... Avec tous ces couloirs...

Ils marchèrent encore un peu, puis Oscar lui fit mention du Destin. Ce à quoi Illalëe ne put s'empêcher de répondre, tentant tant bien que mal de réprimer un sourire:

_Vous vous contredisez, Monsieur Sören. Vous niez l'existence du Destin, et après vous insinuez que ce doit être le Destin qui nous a fait nous rencontrer... Ma foi je veux bien vous croire. Après tout, j'ignore la moitié de ce que manigancent les esprits et les Dieux...

Finalement, ce personnage qu'elle ne parvenait pas bien à cerner l'intriguait pas mal, et elle ne savait pas vraiment qu'en penser. C'était certes un m'as-tu-vu, mais ce n'était pas une sorte d'arrogant, ou en tout cas ce n'était pas quelqu'un qu'elle détesterait.

_Au fait, je tenais à te préciser. Mon prénom, c'est Illalëe. Heldan, c'est mon nom de famille

Elle accompagna sa tirade par un grand sourire, mi-moqueur mi-amusé. Quand elle s'arrêta soudainement, consciente de sa propre négligence.

_Aaah! J'ai compris! Cette foutue porte que tu vois là, elle montra du doigt la porte qui la hantait et ajouta: J'en ai entendu parler au détour d'un couloir. Une salle qu'on ne trouve que si on la cherche pas. Tu crois que la porte est ouverte?

Le côté extraverti d'Illalëe avait naturellement repris le dessus, c'était donc tout-à-fait logique qu'elle passât aussi rapidement du vouvoiement au tutoiement.
Quant à sa curiosité... elle était loin de s'être tarie avec le temps, ayant même plutôt tendance à s'accroître. Ce que regrettait parfois Maghzen...

Enfin... Moi, je vais voir. Tu en as envie, au moins? Sinon, nous pouvons toujours continuer notre route.

Elle posa la main sur la poignée de la porte, se demandant tout-à-coup si c'était une très bonne idée, ce qu'elle s'apprêtait à faire. Après tout, elle ne savait absolument absolument pas pourquoi la salle paraissait n'être jamais au même endroit; si cela se trouvait, c'était effectivement l'ouvre d'esprits qui en voulaient beaucoup à la jeune Nomade.
Cependant, elle réfuta toutes ses hypothèses, et décida de pénétrer dans la salle.

Il y a de cela de nombreuses années, deux hommes tout à fait rationnels et méthodiques s'étaient mis en tête de souligner à Oscar Sören toutes ses incohérences. Ce fut un échec lamentable : le rouquin parvint à réfuter chacune de leurs accusations en fournissant une explication qui, au premier abord, était tout à fait logique. Était-ce par arrogance qu'il avait ignoré tous leurs reproches? Ou alors, croyait-il vraiment aux raisons subtiles et complexes qu'il invoquait? Un mystère de plus qui ne serait peut-être jamais résolu... Après tout, celui qui parviendrait à tirer les vers du nez d'Oscar serait probablement aussi fou que lui!

Toujours est-il que pour justifier rapidement ses incohérences, le professeur d'invocation était un as, ainsi qu'il le prouva en répondant immédiatement à sa collègue, tout en ne remarquant pas du tout son sourire mal dissimulé :

"Je parle de deux sortes de destins qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre. L'un veut que l'avenir soit déjà écrit, tandis que l'autre est simplement une combinaison du hasard et des caprices des dieux. Je ne crois pas au destin qui régit le futur, mais bien à celui qui est intimement lié au présent, ce complexe et parfait enchevêtrement d'événements qui ne saurait être prédit."

Oscar aurait pu s'étendre sur le sujet et sortir des exemples, mais son interlocutrice lui donna de nouveau l'occasion de sortir une explication qui n'était pas très crédible à première vue, mais en laquelle il croyait dur comme fer. Or, les explications qu'on formule avec conviction sont toujours les plus faciles à accepter...

"Dans l'ordre cosmique des choses, tu es autant Illalëe que Heldan. C'est l'union de ces deux noms qui fait référence à ta personne, alors peu importe lequel j'utilise pour te nommer, j'aurai toujours à moitié raison. Mais il y a aussi que les noms ont une puissance qui ne saurait être négligé, et le fait que tu m'aies repris m'enlève tout le pouvoir que je pourrais avoir sur toi en prononçant ton nom."

La professeure de combat sembla comprendre qu'il n'était pas très sage de contredire le rouquin hyperactif, car elle détourna plutôt son attention sur la porte, qu'Oscar avait oublié depuis des lustres déjà. Il hocha respectueusement la tête en entendant l'hypothèse que Heldan/Illalëe émettait, et la lueur de malice qui brûlait toujours dans ses yeux se transforma en un flamme de curiosité. Un endroit inconnu à explorer! N'était-ce pas le rêve de tous les hommes, que de poser les yeux sur un endroit que personne n'avait jamais pu contempler? Bon, d'accord, s'il y avait des rumeurs sur cette pièce secrète, c'était que quelqu'un y avait déjà pénétré... Mais arrêtez-donc de gâcher le plaisir d'un pauvre petit professeur tout enthousiaste!

"Les femmes d'abord, ma chère Heldan!

Aimer Oscar requérait un certain brin de patience, vous l'aurez deviné. Après avoir une fois de plus employé le nom de famille de sa collègue pour s'adresser à elle, Oscar la vit hésiter, et décida de lui forcer gentiment la main... Au sens propre. Il posa sa main sur celle d'Illalëe et lui fit tourner la poignée, puis la contourna pour être le premier à entrer dans la pièce, sans se montrer le moindrement gêné quant à son geste. Mais aussitôt qu'il fut entré dans la fameuse Salle Vide, le professeur s'en retrouva terriblement déçu : elle était VIDE!

"J'ai déjà vécu des aventures plus palpitantes", ronchonna-t-il à l'intention de la professeure de combat qui entrait à sa suite dans la pièce.

Pour une rare fois, Oscar Sören était déçu. Et sur une échelle de danger s'étalant de un à dix, (un étant une fourmi frustrée et dix représentant un dragon enragé) un Oscar déçu s'élevait facilement à huit.

Illalëe haussa un sourcil mi amusé, mi interrogateur. Elle ne comprenait pas bien ce que voulait dire par là le rouquin: le Destin est le Destin, qu'importe les actions que l'o pourrait faire. Il n'y avait pas deux sortes de destins, et encore moins un que l'Homme pouvait contrôler!..
De toute façon, il n'tait pas utile de chercher à comprendre le jeune homme, surtout quand il lui grilla la politesse pour entrer dans la fameuse salle, et en ressortir, totalement dépité, en expliquant que c'était une salle vide.

Quoi?! Non mais je rêve, je me suis crue harcelée par des esprits alors qu'il n'y a RIEN dans cette salle?

La Nomade soupira, dépitée, et jeta quand même un coup d'oeil dans la salle. Effectivement, elle était on ne peut plus vide, dépourvue même de mobilier ou de fenêtre. En clair, une salle parfaite pour y entreposer tout un bazar inutile. Mais si jamais on s'amusait à la chercher...

He bien.. je crois bien que ce château n'a pas fini de me frustrer...

Illalëe ressortit de la pièce, penaude, mais bien déterminée à retrouver sa chambre. Ou au moins un endroit qu'elle connaissait bien, comme le réfectoire, d'où elle pourrait partir pour ensuite retrouver les chambres du personnel.

En tout cas cet endroit est... déroutant, pour moi qui n'ai jamais vécu aussi longtemps enfermée entre quatre murs... He bien... Tu m'as l'air frustré, non?

Illalëe espérait juste qu'elle n'en était pas la cause: elle n'aimerait pas avoir, dès sa première semaine passée dans l'école, quelqu'un sur le dos. De toute façon il n'y avait pas de raison pour qu'elle en soit la cause, puisqu'elle n'avait rien fait. Mais vu qu'il s'était plaint du niveau de palpitations de l'aventure, il devait être déçu de ne rie avoir trouvé dans cette salle.

En tout cas, si c'est à cause de la salle, sache que je le suis tout autant que toi. J'ai cru devenir folle quelques instants, et tout ca pour une salle vide. Franchement, j'osais espérer mieux!

Puis elle entreprit de donner le mouvement en allant vers le fond du couloir. Elle en avait déjà assez de rester ici, et souhaitait ardemment retrouver son chemin; passer son temps dans un couloir vide, avec des salles vides, ne lui disait vraiment rien.

Tu viens? Ou bien tu préfères aller voir ailleurs?

S'il l'accompagnait, ce serait parfait, elle devait se l'avouer; au moins elle aurait une chance de ne pas se perdre de nouveau et de ne pas perdre son temps dans des couloirs sans fin, avec en plus la désagréable impression de ne vraiment pas être douer pour s'orienter quelque part...

» Oscar Sören [Prof d'invocation]