Résultat d'expérience ratée

Suite de ce sujet

Allongé sur le sol, encore difficilement capable de faire le moindre mouvement, Alcor faisait l'inventaire de son état, lorsqu'il entendit un rire franc. Tournant tant bien que mal la tête en direction du bruit, il découvrit son auteur, un petit homme tout ce qu'il y avait de plus étrange. D'après les très nombreux ragots qui circulaient dans les couloirs - auxquels l'adolescent s'intéressait toujours très particulièrement - il identifia immédiatement l'individu comme étant l'infirmier de l'école. *Ça tombe bien j'avais pas encore eut l'occasion de le rencontrer !* Si certains auraient put s'offusquer du peu d'intérêt que l'homme - si on pouvait le nommer ainsi - lui portait, ce ne fut pas le cas d'Al. Habitué aux cascades en tous genres qui tournent mal - même très mal parfois, l'ancien infirmier pourrait le confirmer - il était surtout occupé à reprendre la totalité de ses esprits - eh ouais se prendre un bout de bois sur le crane ça sonne ! Jusqu'à ce que le responsable des malades finisse par lui adresser la parole. Pour sûr que s'il pouvait se faire greffer des ailes il l'aurait déjà fait...

Oh non ne vous inquiétez pas, je ne suis pas près de recommencer, ce jeu là n'est en fait pas très intéressant. J'ai d'autres idées pour le remplacer, répondit-il à la question qui ne lui était nullement adressée. D'ailleurs il n'avait toujours pas remarqué le reptile qui accompagnait son "sauveur" - son attention ne pouvait pas encore se focaliser sur deux choses à la fois - sinon vous pouvez être sûr que ce serait l'ados qui se serait mis à ramper, afin de s'en éloigner autant que possible - non les serpents c'est pas trop son truc.
Jusqu'à ce que l'infirmier fasse preuve d'un étrange pouvoir, quelque chose que ce casse-cou n'avait encore jamais vu. De l'énergie sortant directement des quelques plantes de la pièce se rassembla autour de lui, et de la position "écroulement par terre" il se retrouva à "parfaitement droit, les pieds ne touchant même plus le sol". Une sensation assez indescriptible s'empara de lui lorsqu'une partie de la lumière verte pénétra dans son corps puis en ressortit, mais ce qui était sûr c'est que c'était très désagréable. Enfin, le blondinet en avait vu d'autres et n'allait certainement pas se plaindre pour si peu - il était d'ailleurs très rare de le voir se plaindre malgré le nombre de pépins qui pouvaient lui arriver. Comme pour le prouver, il déclara

Bien qu'être trainé par quelqu'un de plus petit que soi doivent être une bonne expérience, je pense pouvoir vous épargner cette peine ! Vexer les gens était quelque chose qui ne lui avait jamais fait peur, et il se contentait généralement de dire ce qu'il avait en tête. En même temps, celui qui lui faisait face n'avait pas l'air du genre à s'offusquer pour si peu.

Alcor se remit donc difficilement sur ses deux jambes, sentant une douleur assez aiguë à l'emplacement des côtes, ainsi que dans la jambe droite qui rechignait à supporter son poids, lui renvoyant des pics dès qu'il la sollicitait. Habitué à ce genre de douleur - oui il a déjà un bon nombre de cascades ratées à son actif - il eut au moins la satisfaction de se dire qu'il n'y aurait pas d'escalier à franchir. Mais si en temps normal il se serait fait une joie de partir sur de longs discours sans queue ni tête avec son nouvel interlocuteur, de s'attarder un peu sur ces lieux avec d'aller inéluctablement à l'infirmerie, cette fois c'était différent. Peut-être toujours à cause de cette sensation inconnue qui l'avait pris et ne l'avait toujours pas quitté. Dans tous les cas, cette fois il était pressé d'arriver à destination et de pouvoir s'allonger sur un lit. C'est d'ailleurs à ce moment que ses yeux se posèrent sur le reptile qui accompagnait le petit homme, et que cette information parvint jusqu'à son cerveau, enclenchant tous les raisonnements logiques, à savoir qu'il se trouvait proche d'un serpent depuis un petit bout de temps, et qu'en plus, il aurait à supporter la créature plusieurs fois dans l'année - avec un peu de chance ce retournement de situation l'incitera à réduire ses voyages au pays des blessés. Son visage prit une teinte bien plus pâle que précédemment -pourtant quand on additionne ses origines et la douleur qu'il ressentait on ne pouvait pas dire qu'il y avait beaucoup de couleurs chez lui. *Bon, j'ai pas le choix, et puis avec de la chance il aime tellement son maître qu'il voudra pas venir me voir...* Étrange quand on connait le personnage et tous ses actes tous plus suicidaires les uns que les autres, mais oui, Al a bien peur des serpents.

L'Alystryn entreprit donc de se diriger vers l'infirmerie, chemin qu'il connaissait parfaitement, mais qu'il jugeait toujour un peu trop long dans de telles crconstances, et profita bien évidement de se trouver en compagnie de la personne du château certainement la moins appréciée par les étudiants pour lui poser tout un tas de questions qui finissent, il le sait parfaitement, par énerver.

C'est à cause de toutes vos plantes et de votre façon bizarre de vous en servir que les autres vous détestent ? Parce que bon, c'est vrai que c'est pas ce qu'il y a de plus agréable quand on veut se faire soigner. Enfin si c'est que ça, je sais que l'ancien infirmier utilisait toute une panoplie de médocs qui marchaient pas mal, même si la plupart étaient un peu dégueux. Mais ça aura déjà l'avantage de réduire de moitié les sifflements à vos oreilles... Non décidément, il n'aime vraiment pas les serpents. D'ailleurs, il n'avait pas l'intention d'aborder ce sujet, l'ignorant même autant que possible, ce qui était en partie la cause de ses discussion hautement inutiles - mais seulement en partie parce que dans tous les cas il aurait fallut s'attendre à ce genre de réflexions de sa part. C'est vrai quand même, qu'est ce que vous leur faites pour qu'il y ait autant de bruits à votre sujet ? Puis je vous assure que c'est pas ce qu'il y a de plus valorisant.

Après ces questions tout ce qu'il y a de plus déplacées, qui avaient au moins pour excuse de lui occuper l'esprit, effacer partiellement la douleur que ses blessures lui renvoyaient, la porte de l'infirmerie fut enfin en vue. Et lorsque l'homme au serpent ouvrit son antre, l'ados fut totalement décontenancé. Pour sûr que ça avait changé. Un instant il se demanda même si c'était bien l'infirmerie.

Vous êtes aussi prof de biologie ? Enfin plus sérieusement, c'est un peu bizarre. Je veux dire, même si votre petite demo dans le hall état plutôt sympa et que je suis forcé d'admettre que vous êtes doué, les plantes moi... c'est pas trop mon truc. Faisant comme chez lui - bon c'est vrai que l'année précédents, avec le bureau du concierge cette pièce était certainement celle qu'il avait le plus souvent visité - il alla s'assoir sur le lit le plus proche. Hum... et comment vous comptez vous y prendre pour réparer ça ? demanda-t-il en désignant sa jambe qui manifestement le boudait toujours. Actuellement il était partagé entre l'idée que cet homme était intéressant par sa façon de se démarquer des autres, mais en même temps, il est vrai qu'Al n'avait jamais sentit de quelconque attirance pour la nature et était encore un peu sceptique sur cette manière de soigner les blessés.

Trop fier, cet imbécile préférait subir une horrible douleur plutôt que d’être transporté par le petit homme, bien sûr le voyage n’aurait pas été beaucoup plus agréable. Tant mieux il n’avait pas l’intention d’utiliser sa magie pour rien et cela lui servirait de bonne leçon. Il ne crut pas utile de lui répondre, croyait-il vraiment l’insulter en lui déclarant qu’il était petit ? Ce n’était qu’un fait et sa taille lui allait parfaitement. Le proverbe à petit homme, énorme ego marchait bien, mais pas toujours comme on pouvait l’imaginer.

L’image était plutôt drôle, l’enfant boiteux semblait vouloir se dépêcher d’arriver à l’infirmerie – dont visiblement il connaissait très bien le chemin – sans parvenir à y arriver, on aurait dit quasimodo, la bosse en moins, quoiqu’il y en avait une bien visible sur son front. L’avantage était que le petit homme pouvait marcher tranquillement à son allure, sans avoir à se dépêcher pour rattraper la moitié des géants qui peuplaient cette école. A croire que la grande taille était un critère de recrutement dans cette école !
On pouvait aussi le comparer à un clown, le teint si pâle qu’on le croyait presque maquillé, il ne restait qu’à mettre un peu de noir et de blanc et le tableau serait parfait. Mais il n’avait pas besoin de se peindre le visage pour ressembler à l’un d’eux et s’il continuait à occuper son temps ainsi il n’aurait bientôt plus d’autre métier à exercer que de faire rire les gosses à force de blagues stupides et de pirouettes mal faites. S’il réussissait aussi bien que celle à laquelle il avait assisté il ne lui donnait même pas une semaine d’espérance de vie.

Siffrit lui n’avait pas les mêmes pensées, quand la chair ambulante remarqua sa présence elle pâlit tellement que son visage en était presque bleu. Voilà qui était intéressant, non seulement le casse-cou était un éventuel casse-croûte mais en plus il avait cette certaine influence sur lui qu’il aimait tant. Sentir la peur de l’autre était le plus doux des arômes après celui du sang. Il siffla, longtemps, à intervalles discontinus et d’un air menaçant pour savourer cette exquise sensation. Mais il se chargerait plus tard de lui, après tout il avait tout son temps, des lunes et des lunes entières.

L’élève se décida à parler, visiblement c’était un bavard incapable de retenir sa langue. Il connaissait très bien ce type de personne, toujours à poser des questions plus indiscrètes les unes que les autres, ils avaient besoin de la parole pour se sentir à l’aise. Si ne leur donner aucune réponse ne les empêchait que rarement de poursuivre leur monologue, le moyen le plus efficace était encore de ne pas écouter ce qu’ils avaient à dire. En général il répondait quelques mots avant que le flot de paroles ne devienne plus qu’un bourdonnement dont il finissait par n’avoir même plus conscience.

« Tout ce qui compte, c’est que les élèves ne reviennent pas, n’est-ce pas ? » Répondit-il quand l’élève se tut enfin.

L’infirmerie était en vue, après un long périple, quasimodo devait être soulagé, bientôt il ne manquerait plus à chaque pas de s’écrouler par terre en lançant des cris aigus de bonnes femmes. La seule chose certaine était que la douleur n’avait pas atteint sa langue et qu’elle ne l’empêchait pas non plus de s’agiter avec frénésie. Le seul remède pour le faire taire aurait été de l’endormir ou de l’arracher mais il n’y tenait pas, il se fichait bien de ce qu’il pouvait raconter et il serait plus désagréable aux autres qu’à lui, qui ne semblait pas être touché par quoi que ce soit.

Il poussa la porte de l’infirmerie et laissa passer l’homme qui se blesse plus vite que son ombre. Il ne se fit pas prier pour aller s’asseoir sur le lit le plus proche, toujours aussi apte au bavardage intempestif. Le moulin à parole était aussi atteint d’une curiosité chronique, maladie absolument incurable sauf en se débarrassant de l’individu en question. Bien sûr après il fallait se débrouiller pour cacher le corps, le crime parfait n’étant pas sorti, le mieux était encore de prendre son mal en patience.

Le petit homme s’était rendu compte que l’élève ne tenait pas vraiment à ce que le serpent l’approcha de trop près, le casse-cou avait-il la phobie de ces reptiles qu’on appelle communément serpents ?

« Et si je laissais Siffrit s’occuper de vous ? »

Il souriait, à la fois ironique et méchant, et profita de ce moment pour s’éclipser dans sa serre, laissant à Siffrit la grande joie de torturer la pauvre petite victime ! Et il valait encore mieux qu’il reste sur son lit, s’enfuir rimait avec prendre le risque de se faire mordre et perdre un bout de chair. Vu l’état de l’élève, le risque frisait le quasi certain.
Le serpent quant à lui ne quittait pas des yeux ce délicieux amas de viande fraîche, se demandant à quelle partie il pourrait bien s’attaquer en premier.

Au moment où l'infirmier proposa son idée qui, bien évidemment ne plaisait pas, mais alors pas du tout à Alcor, à savoir le laisser seul en compagnie du serpent, l'adolescent cru déceler une pointe de méchanceté dans le regard du petit homme. Prenait-il réellement plaisir à maltraiter ses patients ? Entre sa déclaration sur l'envie que les élèves ne reviennent pas, et celle qu'il venait de donner, l'Alystrn commençait à se poser des questions. *Les étudiants auraient raison sur ses intentions ? Enfin, pour l'instant la priorité... c'est cette bestiole sans pattes.* A l'heure actuelle, il ne voulait pas encore se positionner sur la question. Mais elle lui restait bien en tête, et nul doute que tous les faits et gestes de l'infirmier seraient désormais passés sous l'étude complète du blessé. *Peut-être qu'il aime simplement être tranquille sans pour autant être cruel.* Toujours est-il qu'au vu des animaux dont l'étrange personnage s'entourait, il n'y avait rien d'étonnant à ce que les jeunes de cette école ne l'apprécie guère.

Dès que Merryn disparut de son champ de vision, ce qui signifiait qu'il n'y avait plus personne pour arrêter la bête si elle était prise d'une petite faim - si tant est que l'infirmier soit réellement intervenu dans cette hypothèse - Alcor se reconcentra immédiatement sur son potentiel ennemi. *Mais qu'est ce qui peut bien lui avoir prit d'adopter un truc pareil ?!* Le résultat était bel et bien là. Et dans les conditions physiques qui étaient les siennes, il ne pouvait se permettre de dépenser trop d'énergie à utiliser ses pouvoirs. Mieux valait garder quelques ressources si un cas désespéré venait à se présenter. D'ailleurs, le serpent lui, semblait bien s'amuser avec son prisonnier. Toujours assis sur "son" lit, le bout en train voyait l'un de ses cauchemars se rapprocher, lentement mais surement. Etait-il simplement curieux de voir cette créature étrangère pénétrer sur son territoire, ou avait-il vraiment de mauvaises intentions , Alcor n'en savait pour le moment absolument rien, mais il ne bougeait pas, priant pour que l'homme aux plantes ne tarde pas trop.
Mais il ne revenait toujours pas, et le serpent se tenait bien trop près de lui à son goût. Il ne cessait de décrire des allers-retours à quelques millimètres de l'ados, qui se sentait décidément bien mal à l'aise, sensation à laquelle il n'était pas souvent confronté. Enfin, soyez sûr que ce n'est pas ce petit incident qui l'empêcherait de recommencer ses expériences, et de finir immanquablement dans ce lieu, en compagnie de ce serpent. Partant de cette constatation, l'Alystryn parvint à une conclusion plutôt surprenante. Il lui fallait réussir à s'entendre avec ce reptile. Comment ? Bah en lui parlant bien entendu, comment sinon ?!

Écoute hum... comment c'était déjà ? Siffrit ? Je ne sais pas comment ton maître te nourrit, mais arrête de me regarder comme si j'étais un apéro ! Je suis sûr que tu as mieux à faire, d'ailleurs pourquoi tu ne le suis pas ? Et si tu es là pour me surveiller, t'inquiètes, je suis bien décidé à partir d'ici une fois soigné seulement. Mais cette méthode ne semblait pas très fructueuse, et le serpent continuait toujours son étrange manège. Pourtant, le jeune homme ne se démontait pas. Ok... qu'est ce que tu me veux ? C'est à propos de cette histoire stupide comme quoi les animaux ressentiraient la peur des autres ? Eh bien oui j'ai peur de toi, alors maintenant lâche moi et va donc rejoindre ton maître !

Était-ce à cause de son ton un peu trop autoritaire ? Là encore, Alcor n'en avait aucune idée, la seule chose dont il était certain, c'est que cette fois, le serpent l'avait bel et bien touché, le fixant toujours de cet air carnassier - à moins que ce ne soit l'air que l'ados imaginait que son tortionnaire avait. Sa réaction ne se fit pas attendre, en un bond, le garçon s'était retrouvé sur ses deux jambes - dont une souffrait atrocement et le lui signala bien en lui faisant momentanément tourner la tête. Au pied du lit, il regarda la bête, qui le suivit sans aucune difficulté, mais sans pour autant se presser. Se laissant petit à petit gagner par la peur, l'apprenti dragonnier recula de plus en plus vers le fond de l'infirmerie, les yeux braqués sur le monstre rampant qui ne cessait de le harceler. Rester debout était de plus en plus insupportable, ses côtes l'élançait, sa jambe râlait à chaque fois qu'il l'utilisait, et le sang qui affluait dans ses tempes lui donnait l'impression que quelque chose le frappait de l'intérieur. *Même après les pires concerts que j'ai entendu le résultat n'était pas aussi puissant...* Et pendant ce temps là, le responsable - enfin disons plutôt celui qui était censé améliorer sa situation - cultivait son petit jardin, vaquant tranquillement à ses occupations. Décidément, l'attitude de cet être était de plus en plus étrange.
Lorsqu'il fut à court d'inspiration, ne sachant plus que faire avec ce serpent qui se faisait de plus en menaçant - aux yeux de l'ados en tout cas - Alcor se tourna vers la serre, espérant que le destinataire du message l'entendrait, et dit d'une voix assez forte.

Hum... dites m'sieur l'infirmier si tant est que ce soit vraiment à lui qu'on ait confié ce rôle. Voudriez pas vous dépêcher de revenir et de contrôler votre serpent ? Parce que là, je le sent pas très bien ! Enfin, je veux dire que je voudrait pas être obligé de griller votre compagnon

Cette dernière menace, il n'était même pas sûr de pouvoir la mettre à exécution sans s'évanouir avant. Mais il essayait de s'en persuader afin de ne pas se mettre à trembler incontrolablement devant l'animal, et surtout devant ces deux crocs qu'on appellerait plutôt crochets qu'il ne cessait d'apercevoir dans cette gueule iben plus grande que ne le laisserait suggérer la taille du reptile. La seule chose qu'il espérait voir à présent, c'était la tête qui ne devait pas dépasser de plus d'un mètre soixante de l'infirmier.