« Je suis né esprit de la nuit mais seulement à moitié, bien que mon ressenti sprid’en est, je crois, aussi fort que celui d’un autre de race pure. Les émotions, la joie, les craintes qu’éprouvait mon peuple étaient pour moi bien plus fortes que pour eux. La moindre émotion forte me plongeait dans la terreur et je devais tout faire pour contrôler ce que je ressentais moi-même, je savais que je pouvais en mourir. En grandissant parmi les esprits de la nuit j’ai eu accès à leur savoir et ce fut plus qu’une chance, ne connaissant pas les caractéristiques de ma race dangereuses pour moi j’aurais pu en mourir mille fois sans eux. Les esprits de la nuit atteignent très vite l’état adulte, intellectuellement car physiquement ils grandissent très lentement. J’étais comme eux bien que j’évoluais sensiblement plus vite et ainsi je pus tracer les premiers tatouages sur mon visage et mon corps assez tôt pour me protéger, pour un moment en tout cas… » Sa voix s’éteignit, soudain il ne voulait plus y penser.
« Libérez-vous, cela ne vous fera que du bien et je pourrai vous aider. »
« Ce jour là des chasseurs ont pénétré dans la forêt de Morfilith, la peur d’être attaqué s’est répandue à une vitesse incroyable, si vite que je ne me contrôlais plus. Mais au lieu de ressentir de la souffrance ou cette étrange impression d’entrer dans un état second je sentais mon corps changer peu à peu. Ce fut plus vite que je ne le pensais, je m’étais transformé en un tigre blanc et je crois que j’avais toujours les yeux vides car j’avais presque la même vision. Je ne songeais qu’à profiter de cet état pour éloigner les chasseurs de notre forêt et enlever la crainte de ceux que j’appelais ma famille. Ce fut facile et sans faire quoi que ce soit, seulement en le pensant je repris ma forme normale. J’avais sauvé les miens et j’avais aussi trouvé un moyen d’évacuer mon émotion en un autre état sans en souffrir ni devenir fou, je ne me doutais pas que c’était mon pouvoir mais j’étais fasciné par cette découverte. Ma joie fut de courte durée. Les miens étaient terrorisés et seuls mes meilleurs amis Selembr et Gwyhyr eurent le courage de venir jusqu’à moi pour m’annoncer que je devais partir. C’était à ce moment là la chose la plus horrible qu’il pouvait m’arriver, le pire était de voir en mes amis cette même peur que seule la plus grande amitié avait légèrement atténué. Et même en fermant les yeux je la ressentais, je me sentais vide tout à coup… »
« Les avez-vous revus ? »
« Jamais. Mais leur curiosité naturelle leur a permis de comprendre ce qu’il s’était passé et j’entretiens depuis de bons rapports avec eux à travers les correspondances de mes deux amis. »
« Ainsi vous êtes arrivés jusqu’ici… Mais racontez moi votre voyage je suis curieux de savoir ce que vous avez traversé. »
« Mon voyage est bien long à raconter, voilà cinq ans que je suis parti. Il fut très enrichissant car malgré tout le savoir des miens rien ne vaut le point de vue d’autres races et de faire l’expérience de la vie soi-même ! J’ai rencontré de nombreux savants, des érudits même, je suis très lié avec l’un d’eux : il s’appelle Uuluinn Ysgwn. J’ai vécu un an auprès de mes cousins les elfes dans les terres germaniques de l’est. J’ai appris à monter à cheval à Derwella et je suis parti dans le pays voisin, je ne me rappelle plus son nom mais c’était très étrange, toute l’aristocratie, comme ils aimaient s’appeler, régnait sur ces terres. Ce qui m’avait surpris c’était que les plus oisifs avaient le plus de pouvoir et ceux qui travaillaient sans cesse comme les paysans et les artisans n’avaient rien… J’ai traversé une longue étendue d’eau qu’on appelle océan pour parvenir jusqu’à une petite île charmante où j’ai rencontre un certain lord Kenyon qui fait désormais partie de mes grands amis.
J’ai eu le malheur de quitter cette île je crois car après plusieurs mois d’une nouvelle traversée de l’océan je n’ai trouvé que des terres meurtries par des guerres de religion. »
« Contrairement à votre race les humains ne connaissent pas la paix, mais vous allez devoir vous habituer à leur violence. »
« S’habituer ? Oh non jamais je ne pourrais… C’est une activité bien étrange à mes yeux, je n’aurais jamais la volonté de me battre si je savais le faire ! »
« Vous battre ? Je vous apprendrais, vous devez savoir vous défendre en cas d’attaque mineure sinon vous serez perdu ! Et si vous êtes face à un groupe trop nombreux vous n’aurez plus qu’à faire vos prières, ces terres ne sont plus sûres depuis trop longtemps. »
« On m’avait dit que vous étiez une bête sauvage et vous me parler d’apprentissage, j’ai cette impression depuis longtemps que les gens d’ici sont plus qu’ignorants… »
« C’est le cas ! Mais me ferez-vous l’honneur d’être mon élève cher Kièran von Görlitz ? »
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L’hongre bai avançait à un rythme tranquille, Kièran ne voulait pas le fatiguer car la route à faire devait être encore bien longue. Ses pensées s’étaient dirigées au jour où il avait rencontré maître Anàlad, c’était aussi celui où il avait trouvé l’œuf d’Eärlàlith. Machinalement sa main se porta dans sa sacoche pour caresser la coquille dorée et lisse de l’œuf assez petit pour celui d’un dragon d’après ce qu’il savait. L’esquisse d’un sourire apparut sur son visage et il laissa aller le voile de tristesse qui le suivait depuis qu’il pensait à lui.
Un an et demi avait passé et beaucoup de choses avaient changé en lui, son esclavage surtout avait été un coup dur pour son optimisme habituel. La guerre, le sang, la mort, il en avait trop vu, il avait été obligé d’y participer, tout cela l’écoeurait. Il aurait désiré rejoindre les siens si son maître à sa mort ne lui avait pas donné un autre espoir :
« Cher élève, partez loin d’ici, il n’y a plus rien pour vous… Cachez vous, ne les laissez pas profiter de vous… Partez dans le sud à des lieues d’ici… Le voyage sera long et éprouvant mais j’ai entendu parler d’une école de dragonnier qui… »
« Où mon maître ? Ne me laissez pas sans espoir, déjà que sans vous… »
« Rrrrr ne désespère pas ! Va près d’Ellweraï, j’ai un ami de longue date là bas qui m’a dit qu’une école était en projet. La nouvelle date d’il y a un moment mais ne perds pas espoir. Va, ne perds pas de temps, ce n’est pas toi qui doit être chargé de mes obsèques… »
« Qui, maître Anàlad ?! »
« Plus de question… va… ».
Il était parti depuis bien longtemps maintenant mais son but approchait de jour en jour, son maître serait fier de lui. Il avait reçu la veille la confirmation de son entrée à Maelthra Magthere et avait décidé de profiter du temps qu’il lui restait pour faire le vide en lui et arriver le cœur léger.
Famille : Son père et sa mère tous deux morts à sa naissance.
Liens :
Les amis présentés ici sont les seuls avec qui il entretient une correspondance régulière, Kièran ayant rencontré beaucoup trop de monde dans son périple pour que tous ceux-ci puissent être recensés.
Selembr est une amie d’enfance, elle paraît avoir le même âge que Kièran mais elle n’a jamais vraiment voulu lui dire, sans doute qu’elle a de nombreuses années. C’est avec elle qu’il a beaucoup étudié lorsqu’il vivait dans la forêt de Morfilith.
Gwythyr est aussi un ami d’enfance, partenaire de jeu préféré de l’enfant qu’il fut ils ont fait les quatre cents coups ensemble.
Uuluinn Ysgwn est un érudit elfe, Kièran l’a rencontré à la grande bibliothèque à Legàndir qui rassemble de nombreux savoirs humains. Touché par la soif intarissable du jeune homme il l’aide depuis à parfaire sa connaissance de la race humaine grâce à une grande correspondance.
Elvythiel Tehen est une jeune elfe dont il s’éprit au premier regard. Il passa la quasi-totalité de son séjour à Isithralad à la séduire, puis lassé finit par partir à la recherche de savoir nouveau. Il prend cependant régulièrement de ses nouvelles.
Ernst von Liebknecht est un éminent chercheur humain. Parti à Morured en quête du savoir elfe c’est ainsi qu’il a rencontré Kièran et à réalisé les recherches nécessaires à sa thèse avec lui. Ils s’écrivent depuis des années de longues lettres sur leurs découvertes respectives.
Mlle Marthe d’Ambroise est une jeune fille issue de la noblesse humaine. Kièran la rencontra dans le salon de sa mère à Gala et fut pendant quelques temps son amant.
Mme Amélia de Cyr est la femme du capitaine du bateau dans lequel il s’embarqua pour l’île de Niziaw puis pour rejoindre Sulan. Il passa tout le temps nécessaire à préparer l’expédition en sa compagnie.
Lord Kenyon est un vampire, membre du gouvernement de l’île de Niziaw. Confronté à des problèmes judiciaires il s’adressa à cet homme que Mme de Cyr lui recommandait, ils entretiennent une sincère amitié depuis.
Maître Anàlad était un felidae, autrement dit mi homme mi félin, il ressemblait surtout à un tigre de Sibérie et se comportait comme tel avec la majeure partie des gens. Il vivait en ermite, incompris des hommes qui le prenait pour une bête sauvage alors qu’il était doué d’une intelligence et d’un savoir remarquable. Il rencontra Kièran par hasard alors que celui-ci découvrait l’œuf de son dragon. Il décida de le prendre pour élève et lui apprit à maîtriser en partie sa polymorphie qui devenait pendant ses moments de forte émotion incontrôlable. Il périt chassé par les habitants des villages voisins qui cultivaient la peur de ce « monstre » depuis trop longtemps en voulant sauver son élève qui avait selon lui du potentiel. Kièran regrette beaucoup sa présence et même s’il était parti n’aurait cessé de prendre de ses nouvelles.
Salah Ed-Din Nâsir est le djinn que le sauva de quatre longs mois d’esclavage à Deiniolen. Alors qu’il travaillait dans les mines pour en extraire le fer nécessaire à construire les armes pour les guerres religieuses qui terrassaient la région il brisa la pierre dans laquelle il était enfermé depuis plus de cinq cent ans. Les djinns pouvant accorder un vœu à leur maître avant d’en changer, Kièran ne pensa qu’à lui rendre sa liberté, reconnaissant le djinn fit de même avant de repartir dans sa dimension. Il lui a promit de venir à chaque fois qu’il prononcerait son nom. Depuis ils se revoient de temps à autre pour discuter mais aussi pour que Salah lui en apprenne plus sur les djinns et leurs dimensions.
* Suppléments Les pouvoirs de son élément : En théorie la polymorphie est la faculté de transformer son corps en n’importe quel autre corps.
En pratique Kièran ne sait utiliser son pouvoir que sur certaines espèces d’animaux en particulier les félins. Il se transforme le plus souvent en un tigre identique à sa première transformation c'est-à-dire un tigre blanc aux yeux vides. Kièran ne sait pas se transformer en un animal coloré, il est toujours dans les tons noirs, blancs ou gris.
Il est capable de se transformer en un autre animal s’il a une image bien précise dans la tête ou qu’il voit cet animal mais c’est très difficile pour lui alors que se métamorphoser en félin est naturel.
Un fois transformé Kièran est un animal, il a donc les mêmes caractéristiques que celui-ci : sa vision, son ouïe, sa rapidité, sa résistance, etc. Par contre il garde toujours sa rapidité, sa vue et son ouïe très fine, la combinaison est donc complexe et c’est pour cela qu’une transformation très différente de sa nature est difficile pour lui. Il a toujours sa lucidité et ne peut donc pas devenir une bête sauvage incontrôlable, tout acte vient de son propre chef.
Kièran a déjà tenté de se transformer en un autre homme et a partiellement réussi, c'est-à-dire qu’il a commencé sa métamorphose mais qu’elle ne s’est pas finie et s’est estompée au bout de quelques instants. Il sait qu’il lui manque la force mentale pour le faire et s’entraîne sans relâche pour pouvoir un jour profiter entièrement de son don.
Il a découvert lors d’une nuit d’orage, il y a un mois de cela, son ascendant. Il sait utiliser les éclairs mais ne connaît aucun sort et n’arrive à créer que de petits éclairs, il espère progresser à l’école.
MétamorphoseOptions choisies : Cours d’invocation, de techniques vaudou, de nécromancie, de métamorphose et d’animologie.
Matières choisies : Cours de magie défensive et curative et cours de métamorphose.
Objets en sa possession : Un amulette en or qui a la forme d’une croix et qu’il tient de son père.
Animaux de compagnie : Son aigle Hèliv dont il se sert surtout pour communiquer avec ses amis par correspondance. Il n’est en compagnie de son maître que lorsqu’il l’appelle.
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